Connaître et faire connaître la Charte des Nations Unies by Roland Weyl

 

The following article was published in the May 2022 special issue of the International Review of Contemporary Law, the journal of the IADL, focusing on the 75-76 anniversary of the United Nations Charter.

Roland Weyl

Un monde de paix est un monde sans guerre, c’est-à-dire sans conflits armés

Or il y a toujours eu des guerres : dans la préhistoire les hommes primitifs se battaient pour se voler les récoltes, le bétail, et même les femmes. Au Moyen-âge, les seigneurs se battaient pour des territoires ; le capitalisme cause des guerres pour se disputer les ressources du monde et des marchés, et tirer profit du commerce des armes, et de la reconstruction de ce qui est détruit.

Pourtant depuis 1945, il y a une loi mondiale qui interdit la guerre : c’est la Charte des Nations Unies. Parce que les peuples sont les premières victimes des guerres, elle leur confie les relations internationales, et en rappelle solennellement les raisons dans son Préambule :

« Nous, peuples des Nations Unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances…avons décidé d’unir nos efforts »

Et pour cela, elle crée une Organisation (l’ONU) où les peuples sont représentés par leurs Etats qui sont leurs moyens de gouverner.

Son article 2.4 interdit le recours à la force, et même à la menace de force, et aussi à la défense préventive.

Seul a le droit d’utiliser la force, le Conseil de Sécurité de l’ONU, mais seulement pour assurer le maintien de la paix (en s’interposant entre deux pays en conflit), ou en rétablissant la paix (en mettant fin à l’agression de l’un contre un autre).

Il en découle qu’aucun pays n’a le droit d’avoir des forces militaires sauf pour se défendre, donc sur son territoire et dans ses eaux territoriales.

Enfin, la paix ne peut être assurée aux peuples que si chacun est le seul maître chez lui, sans aucune ingérence (même de l’ONU) dans ses affaires.

Il est clair que la réalité est bien différente, comme si cette loi n’existait pas.

Pour ne prendre que ces exemples, ce sont les bases militaires de certaines puissances en territoire étranger, les dispositifs comme l’OTAN, la présence navale des Etats-Unis dans l’Ouest pacifique, les bombardements du Yémen par l’Arabie saoudite, les interventions de toutes sortes en Syrie, l’annexion du Sahara Occidental par le Maroc, et plus insolemment encore l’agression permanente d’Israël contre le peuple palestinien, mais aussi la division en deux imposées en 1945 au peuple coréen, etc.

La question est donc posée de la façon de faire respecter la Charte. Aussitôt on pense à des tribunaux internationaux. Mais il faut savoir que si la Charte n’est pas respectée, les exemples ne manquent pas où même l’ONU a pris des décisions contraires à la Charte et donc illégales dont la plus récente est l’expédition en Lybie.

Le problème est que si la Charte donne aux peuples le pouvoir politique, qui est bien faible sans le pouvoir économique. Or le pouvoir économique a été garanti aux puissances financières, peu avant la signature de la Charte, par les accords de Bretton Woods qui ont créé le FMI, la Banque Mondiale…. Par lesquels ils confisquent aux peuples leurs Etats pour les mettre à leur service. Y compris à l’ONU. Et il en serait de même des tribunaux internationaux. On pourrait citer plusieurs décisions illégales de la Cour internationale de justice (telles que celle par laquelle elle a décidé que le Conseil de Sécurité pouvait intervenir en Corée en 1950, celle par laquelle elle admettait la possibilité exceptionnelle de dissuasion nucléaire). La seule garantie efficace de respect du droit international est, telle d’ailleurs que la Charte l’a prévu en plaçant tout sous leur souveraineté, la lutte des peuples, par leur action sur et par leur Etat.

Et cela donne toute son importance à ce que les peuples connaissent la Charte….et s’en servent pour agir chaque fois qu’il le faut sur et par leurs élus et tous les organes de l’Etat.

All articles published in the International Review of Contemporary Law reflect only the position of their author and not the position of the journal, nor of the International Association of Democratic Lawyers.

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