The following article was published in the April 2022 special issue of the International Review of Contemporary Law, the journal of the IADL.
Vanessa Condaccioni – La Maitron | English translation
Monique Weyl est née dans une famille modeste et républicaine, d’un père enseignant politisé à gauche et d’une mère sans profession. Avocate dès 1945, membre du PCF en 1947, elle fat partie de la cinquantaine de nouveaux avocats militants qui défendirent pendant la guerre froide et le conflit indochinois les communistes en butte à la répression. Dès 1948, elle défendit des mineurs impliqués dans les grandes grèves de l’hiver et, l’année suivante, lors d’un déplacement à Béthune pour défendre ses clients, rencontra en 1949, l’avocat communiste Roland Weyl, qu’elle épousa l’année suivante. Le couple eut trois enfants dont deux devinrent également avocats.
Puis au moment de la guerre d’Indochine, elle plaida dans des procès faits aux « combattants de la paix », c’est-à-dire de jeunes militants le plus souvent inculpés de « démoralisation de l’armée et de la nation », ou dans des affaires de presse qui touchèrent des journalistes ou des organes de presse du PCF. Dans cette période, elle défendit également Antoine Bar, un résistant inculpé en 1945 puis une nouvelle fois en 1948 pour l’assassinat d’un collaborateur et qui obtint finalement un non-lieu. Tout au long de sa vie, Monique Picard-Weyl mit ainsi en œuvre une défense politique mais également une solidarité internationale par le biais de l’AIJID (Association internationale des juristes démocrates), défendant des « patriotes » vietnamiens ou palestiniens, des prisonniers libanais emprisonnés par l’État d’Israël dont Suha Bechara ou Anouar Mohamed Yassine, des femmes anglaises pour la paix ou encore des militants en lutte contre l’apartheid.
Si elle milita au sein du même parti ou des mêmes associations que son mari, un engagement commun qui donna lieu à la publication de sept ouvrages co-signés, et qu’elle partagea avec lui un très grand nombre de dossiers, Monique Picard-Weyl n’en mena pas moins ses propres combats. Elle fut par exemple l’une des premières juristes à réclamer dès les années 1960 la prise en compte du droit à l’environnement, un engagement sur les questions environnementales qu’elle poursuit ensuite au Comité Directeur du Mouvement National de Lutte pour l’Environnement. De la même manière, Monique Picard-Weyl lutta activement en faveur des droits des femmes. Membre de la Commission des Droits de l’organisation féminine du PCF, l’Union des femmes française, elle se mobilisa très activement sur la question des pensions alimentaires et sur la réforme des régimes matrimoniaux.Toujours dans la lignée de cet engagement, elle publia en 1996 « Laissez-nous libres. L’IVG, une conquête à défendre et à dépasser », un ouvrage rédigé sous forme d’entretiens avec une « jeune femme d’aujourd’hui » et préfacée par Marie-Georges Buffet qui revint sur « l’erreur » que fut l’opposition durable du PCF à la contraception. Dans ce livre, Monique Picard-Weyl revint, en tant qu’avocate et militante, sur l’histoire de l’interdiction de l’avortement, cette forme de « répression » singulière faite aux femmes, et sur la manière dont la maîtrise de la procréation et des naissances s’inscrivait dans un combat pour « la libération humaine ». Pourtant, et suivant en cela les orientations du mouvement communiste, Monique Picard-Weyl se disait « antiféministe », une manière de signifier que les rapports de domination homme-femme ne devaient pas se substituer à la lutte des classes, mais s’y intégrer.
Dans le même sens, l’autre grande cause défendue par Monique Weyl fut la paix. Signataire de l’appel de Stockholm, membre du Mouvement de la Paix dont elle intégra le conseil national, elle multiplia les interventions dans l’espace public pour défendre la Charte des Nations Unis, qui interdit le recours à la force dans les relations internationales. Son livre posthume, 60 ans après l’appel de Stockholm. Non à la guerre, Oui au bonheur, publié aux Éditions de L’Humanité, revint sur les mobilisations internationales pour la Paix mais dénonça également l’usage de l’arme nucléaire.
Avocate horaire et après 53 ans d’exercice, elle décéda brutalement, d’une crise cardiaque, en octobre 2009. À l’annonce de son décès, de nombreuses personnalités adressèrent des messages de sympathie à sa famille, comme l’avocate Nicole Dreyfus, pour laquelle elle fut « une militante inlassable de l’émancipation humaine » ou Marie-George Buffet qui écrivait : « Elle me manquera, ainsi qu’à tous les communistes et les démocrates. »
Monique Weyl was born into a modest, republican family, to a father who was a left-wing teacher and a mother who had no profession. She became a lawyer in 1945 and a member of the PCF in 1947. She was one of the fifty or so new militant lawyers who defended Communists facing repression during the Cold War and the Indochina conflict. As early as 1948, she defended miners involved in the great winter strikes and, the following year, during a trip to Béthune to defend her clients, she met the communist lawyer Roland Weyl, whom she married the following year. The couple had three children, two of whom also became lawyers.
Then, during the Indochina war, she represented clients in trials of “peace fighters”, i.e. young militants most often charged with “demoralization of the army and the nation”, or in press cases that affected journalists or press organs of the PCF. During this period, she also defended Antoine Bar, a member of the Resistance who was indicted in 1945 and again in 1948 for the murder of a collaborator, a case that was finally dismissed. Throughout her life, Monique Picard-Weyl thus implemented a strategy of political defense but also a commitment to international solidarity through the IADL (International Association of Democratic Lawyers), defending Vietnamese or Palestinian patriots, Lebanese prisoners imprisoned by the State of Israel such as Soha Bechara or Anwar Mohamed Yassine, English women for peace, or even activists fighting against South African apartheid.
Although she was an activist in the same party and the same associations as her husband, a common commitment that gave rise to the publication of seven co-authored books, and that she shared with him a large number of files, Monique Picard-Weyl nevertheless led her own battles. She was, for example, one of the first jurists to demand, as early as the 1960s, that the rights of the environment be taken into account, a commitment to environmental issues that she later pursued on the Board of Directors of the Mouvement National de Lutte pour l’Environnement. In the same way, Monique Picard-Weyl struggled actively in favor of women’s rights. As a member of the Rights Commission of the women’s organization of the PCF, the French Women’s Union, she was very active on the question of alimony and on the reform of matrimonial regimes. Still in line with this commitment, she published in 1996 “Laissez-nous libres.” In 1996, she published “Laissez-nous libres. L’IVG, une conquête à défendre et à dépasser” (Let us be free: abortion, a victory to be defended and overcome), a book written in the form of interviews with a “young woman of today” and prefaced by Marie-Georges Buffet, who revisited the “error” that was the PCF’s longstanding opposition to contraception. In this book, Monique Picard-Weyl, as a lawyer and activist, revisits the history of the ban on abortion, this singular form of “repression” against women, and the way in which the control of procreation and births was part of a struggle for “human liberation”. However, and following the orientations of the communist movement, Monique Picard-Weyl said she was “antifeminist”, by which she meant that the relations of male-female domination should not replace the class struggle, but be integrated into it.
In the same sense, the other great cause defended by Monique Weyl was peace. She was a signatory of the Stockholm Appeal, a member of the Peace Movement and a member of its national council, and she made numerous interventions in the public arena to defend the United Nations Charter, which prohibits the use of force in international relations. Her posthumous book, 60 Years after the Stockholm Appeal, published by Éditions de L’Humanité, revisited the international mobilizations for peace and also denounced the use of nuclear weapons.
After 53 years of practice, she died suddenly of a heart attack in October 2009. Upon the announcement of her death, many personalities sent messages of sympathy to her family, such as the lawyer Nicole Dreyfus, for whom she was “a tireless activist for human emancipation” and Marie-George Buffet, who wrote: “I will miss her, as well as all communists and democrats.”
All articles published in the International Review of Contemporary Law reflect only the position of their author and not the position of the journal, nor of the International Association of Democratic Lawyers.