The following article was published in the December 2020 issue of the International Review of Contemporary Law, the journal of the IADL.
Une rescapée
Depuis quelques années déjà, on s’aperçoit que les pervers narcissiques sont partout et touchent dans les faits plus de monde que nous n’aurions pensé.
Presque chacun d’entre nous a déjà été confronté à ce type d’individu, que ce soit en famille, dans la vie privée ou dans la vie professionnelle.
Beaucoup de victimes ont commencé à se parler, à se raconter leurs histoires et à se soutenir.
Voici le témoignage de l’une d’entre elles,le but premier étant d’avertir d’autres femmes de ce que la nature humaine peut cacher de plus horrible, ensuite de faire le bilan de ce qu’a été cette mésaventure et ce qui a pu en ressortir.
Cette expérience peut aussi aider d’autres personnes à trouver la force de partir.
Le confinement du Covid 19 était le nid de cette effrayante histoire que je ne pensais vivre un jour.
Le Covid 19 a apporté avec lui beaucoup de malheurs, il s’est abattu sur la terre entière sans y être invité.
Des célébrations durant cette période, des séparations aussi, des naissances mais surtout le fantôme de la mort.
J’ai toujours pensé que la mort était la pire chose qui pouvait nous atteindre, que ça soit nous qui quittions cette terre ou un être cher qui nous laissait derrière lui, Par le mot « mort », j’ai toujours pensé qu’il était mis fin à une vie qui mérite d’être vécue.
Il existe pourtant des souffrances bien plus douloureuses, plus poignantes et plus tragiques que la mort elle même.
Des douleurs que rien ne peut apaiser tant il est ancré en nous cette idée négative que nous ne méritons pas de vivre.
Au début du confinement imposé par le Covid 19, j’ai vécu ce que je pensais être au début, un nouveau départ, une chance de repartir à zéro, le droit d’être heureuse à nouveau.
Du haut de mes 38 ans, de mon statut d’avocate mais aussi et surtout de maman de deux enfants issus d’un premier mariage je me suis retrouvée envers et contre tout dans un tourbillon maléfique, destructeur et tragique.
La pandémie couvre de son effroyable manteau tout doucement sans se soucier des frontières et des races toute la terre, en même temps le plan machiavélique d’un diable maquillé en gentil prétendant dessine ses dernières retouches pour faire de la vie d’une jeune femme pleine de vie et d’espoir et surtout d’amour, un véritable cauchemar.
Il est difficile de bien expliquer les choses que nous n’avons pas vécues, mais je vais quand même essayer de décrire l’humiliation et la manipulation qui ont donné place à la douleur et à la solitude dans la vie d’une personne née pour ne jamais se laisser autant maltraitée et manipulée.
Issue d’une famille ou père et mère nous ont inculqué le respect de soi avant le respect de l’autre, défenseuse des droits de l’homme en général et des droits des femmes en particulier, membre de plusieurs associations militant contre la discrimination faites aux femmes et pour finir maman de deux enfants.
Doucement et à pas sur, le diable déguisé en ange commença une torture psychologique pour effacer la personne que j’étais.
Comment ai-je pu accepter qu’un homme me rabaisse et taise la femme forte et intelligente qui était en moi.
Comment ai-je pu être aussi crédule et ne pas détecter ses intentions.
Comment n’ai-je pas pu voir venir le malheur à moi.
Des interrogations qui longtemps me hanteront.
Bien sûr que je ne pouvais voir venir, c’était un professionnel, un habitué, un virtuose de la ruse et de la malice, un maestro de l’escroquerie.
Doté d’un charme fou et d’un physique de tombeur, manipulant le verbe et les manières, mixant entre la sagesse et la culture, miroitant une situation financière stable et d’avenir.
Rien ne présageait que cet homme de 1m 87 aux cheveux bruns et fins, fort et robuste, pas touché par la moindre marque de vieillesse puisse aussi bien manipuler mensonge, malveillance et escroquerie.
Un pervers narcissique comme le décrivent très bien les psychothérapeutes à la recherche de la proie idéale qu’était cette femme vulnérable, au cœur tendre, aux grandes valeurs, pleine de vie et d’espoir.
Il avait bien étudié au préalable le sujet que j’étais pour mieux le manipuler, il savait que mes enfants étaient ce qu’il y avait de plus cher pour moi et que leur réaction face à cette nouvelle union devait être validée en amont par eux.
Il s y était tellement bien préparé et avait tellement mis tout en œuvre pour se faire aimer par eux qu’ils l’appelèrent naturellement et immédiatement « papa ».
Que peut influencer une maman plus que le bonheur de ses petits.
Des enfants frappés par un divorce douloureux, ne plus voir leurs parents vivre sous le même toit et ne plus les voir s’aimer surtout.
Des enfants à la recherche d’un nouvel équilibre dans le déséquilibre que crée un divorce, que ce parfait inconnu leur promet par un simple regard doux ou un geste bienveillant.
Arrivé en Algérie après une absence de plus de 30 ans ,avec comme seule mission trouver cette perle qu’il saurait manipuler, écraser puis détruire pour mieux avoir d’ elle tout ce qu’il voulait.
Venu de Suède, pays actif sur le plan international apportant son soutien aux transitions démocratiques et la défense de l’Etat de droit dans le monde, pays défenseur des droits des enfants et des femmes, qui lutte contre toutes formes de discrimination faites aux femmes.
Le confinement a donné à cet homme cette occasion unique de mieux concrétiser son plan déjà étudié.
Il m’avait été présenté par une amie avocate qui prétendait être sa parente et bien le connaitre.
Parmi toutes celles qui lui ont été présenté, il avait jeté son dévolu sur moi, et j’ai vu à ce moment là, la flatterie d’être l’élue.
Il précipita les événements pour que nous puissions nous marier un 17 Mars, quelle ironie le premier jour du confinement en Algérie.
Il disait être veuf depuis huit ans et pleurait sa défunte. Il disait l’avoir perdu d’un cancer très rare des ovaires et que leur fille souffrait de la même maladie et se débattait pour rester en vie.
Il les pleurait tellement bien que cela me rendait coupable de ne pouvoir atténuer ses peines.
Il disait être heureux de m’avoir trouvé moi et les enfants.
Lors de notre rencontre, cet homme représentait tout ce que je recherchais : doux, gentil, aux petits soins, galant, protecteur , instruit… Bref, je venais de rencontrer le Prince charmant
Avec mon entourage, il était tout le contraire de ce qu’il était par la suite avec moi : ouvert, séducteur, beau parleur… il savait flatter les gens. Mais l’envers de ce masque était sa lâcheté. Cet homme était fabuleux en apparence, mais d’une noirceur terrible à l’intérieur. Sous son visage chaleureux en surface régnaient le froid, le mépris et le dédain. Un rictus de triomphe s’affichait sur son visage lorsqu’il me voyait pleurer ou tomber à genoux le suppliant d’arrêter ces injures ow quand il croyait m’avoir totalement anéantie. Aucune compassion, humanité ou tendresse.
Il était tantôt très câlin, tantôt très méchant.
Mensonges incessants, regards méprisants… puis gentillesse et cadeaux pour se faire pardonner mais finalement laisser place à une attitude glaciale. Il se plaçait toujours en victime et devenait blessant avec moi.
Le premier mois de noces était comme il l’avait prévu, dédié à me faire la cour à moi et à mes petits, a nous miroiter le bon père et le bon mari qu’il pouvait être.
Il semblait tourmenté et cachait des fantômes en lui, mais qu´il n’en avait pas , j’étais loin de me douter de la lourdeur du poids de ses secrets.
Une fois les choses bien installées, du jour au lendemain, il me fit assoir face à lui en l’absence des enfants , me dévoilant qu’il avait été approché la veille de notre mariage par des gens qui lui voulaient du bien et voulaient l’empêcher de m’épouser sous prétexte que j’étais la pire chose qui pouvait lui arriver alors qu’il connaissait très peu de gens en Algérie.
Il disait que j’étais une femme sans aucun respect de ma personne et que j’étais le déshonneur de ma famille, que j’avais mauvaise réputation dans mon milieu professionnel et associatif et que tout mon entourage parlait de moi.
Il disait que mes plus proches n’osaient pas me dire le fond réel de leurs pensées à mon égard.
Il avait dessiné un profil de ma personne que nul ne connaissait, pas même moi.
Avec les éléments qu’il me donnait et qu’il avait récolté en me piratant tous mes comptes professionnels et personnels, il arrivait à me faire croire même à des choses que je savais n’avoir jamais commises ,je me sentais frappée d’un sortilège maléfique.
Il avait volé mon intimité, violé ma vie privée de toutes ces années passées, photos, écrits, discussions….Il en était arrivé à ma vie la plus intime avec mon ex mari.
Il avait eu accès à mes finances, mes projets, mes écrits, mes photos en piratant mes comptes facebook, whatsapp, viber et boîte mail pour me faire chanter par la suite en me menaçant de les divulguer dans mon milieu, il disait qu’il détruirait ma carrière si je ne me pliais pas à ses exigences.
Il disait m’avoir épousé par charité afin de sauver mes enfants de la honte qu’une mère comme moi pouvait leur apporter dans leur vie future.
Dévalorisation, manipulation qui conduisent souvent à l’isolement et à la culpabilité. Des personnalités qu’il vaut mieux éviter de croiser et qui, par manque de confiance en elles, peuvent détruire leurs victimes.
Ceci était le processus qu’il avait utilisé pour me pousser à fermer mon cabinet, m’éloigner de ma profession, de mes clients et de mes collègues.
Il me fit résilier les conventions que j’avais signé aux autres avocats qui travaillaient avec moi, m’avait fait vendre mon mobilier de bureau et ma voiture sous prétexte que je devais couper tout contact avec ce monde où j’étais si mal vue d’après lui et par la même occasion me purifier pour lui.
Moi l’avocate connue, respectée et aimée , moi qui était pressentie pour être élue membre du conseil de l’ordre je n’arrivais pas à croire ce qui m’arrivait ,je ne me nourrissais plus. Je ne dormais quasiment plus, parce que j’avais toujours peur Je n’étais jamais tranquille, l’esprit tourmenté, la peur au ventre, la honte, j’étais totalement paralysée, je ne savais plus quoi faire, le quitter et courir le risque qu’il mette a exécution ses menaces, rester et mourir de l’intérieur ,je voulais juste que tout redevienne comme avant.
Il disait qu’il me tuerait si je le quittais ou si j’alertais ma famille, il disait qu’il ferait du mal à ma mère qui vivait seule et qu’il tuerait le père de mes enfants.
Il m’était très difficile de prendre une décision à ce moment là, j’avais mes deux enfants avec moi.
Je voyais que son regard était complètement noir et j’avais peur pour eux aussi.
Il m’interdisait de sortir sans lui ou de rester sans sa présence, il écoutait et enregistrait toutes mes conversations téléphoniques.
C’était un enfer, je temporisais, réfléchissais, peinais à trouver mon essor. Je ne savais plus que faire.
Si nous ne vivions pas dans un monde ou une femme divorcée n’était pas perçue comme une pestiférée, ces idées ne se seraient jamais développées ainsi dans ma tête de femme dont la condition est dictée par des hommes.
Des notions de masculinité et de féminité imposées par la société dès le jeune âge ainsi que la normalisation et l’encouragement de la violence qui font que les femmes pensent elles -mêmes à un moment donné de leur vie avoir fait quelque chose de mal.
Les croyances et attitudes négatives enracinées à l’égard des femmes, qui font que ces mêmes femmes sont déjà marginalisées et vulnérables à leur venue au monde.
Le contexte et les causes de la victimisation des femmes tel que l’inégalité entre les sexes, le déséquilibre du pouvoir, les attitudes myosines, les structures sociales patriarcales et la discrimination systémique peuvent engendrer les formes les plus extrêmes de violence contre les femmes.
Il parvint donc aisément à manipuler ma personne et me faire accepter que tout ce que j’ai pu faire ou accomplir durant ma vie antérieure sur le plan professionnel et personnel surtout n’était qu’échec.
Il disait que j’avais raté l’éducation de mes enfants, que j’avais détruit mon couple et que j’étais une mauvaise avocate, en somme une mauvaise personne.
Ces mots raisonnaient comme un écho dans ma tête, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, je ne supportais plus l’image qu’il renvoyait de moi et qu’il disait que les autres pensaient, je ne m’aimais plus tout simplement.
Quoi de plus horrible que de se sentir coincée , bloquée face à une réalité, divorcer après à peine un mois de mariage précipité où toute ma famille et proches me disaient de prendre mon temps ou rester et supporter des insultes, des injures et un regard négatif sur soi.
Le confinement dû au Covid était là, installé et donnait plus de force au monstre avec qui je cohabitais.
Il augmentait d’intensité chaque jour à la même vitesse que cette pandémie se propageait.
Les cas de Covid augmentaient dans le monde et sa force mentale se nourrissait de cela.
Il soufflait le chaud et le froid dans ma vie, il décidait de mon humeur et dessinait les traits d’angoisse et de peine sur mon visage que je dissimulais aux miens.
J’étais captive, de lui déjà mais aussi et surtout de la société et de ce qu’elle pourrait penser de moi si je décidais de divorcer une seconde fois.
Il savait mes faiblesses, il connaissait mon éducation, il avait étudié et disséqué ma personnalité bien avant de m’avoir choisie.
Il savait où frapper et comment le faire et à quel moment.
Il sauta à un cap supérieur , il commença à toucher à mon ex mari, le père de mes enfants, il voulait détruire la relation qu’il avait avec les petits, et il y parvenait tellement bien vu l’absence de ce dernier dans la vie de ses enfants.
Ces petits avaient besoin de combler le manque de présence de leur père et quoi de mien comme aubaine pour lui, essayer de s’accaparer leurs cœurs innocents qui l’aimaient vraiment.
Il leur donnait amour, affection et attention, mais il avait un but derrière tous ces agissements.
Il faisait cela et en parallèle me menaçait de tuer leur père si je ne le laissais pas agir ainsi pour l’effacer de leur mémoire.
Il souhaitait formater nos vies, Il voulait que je n’ai jamais eu de passé avec celui avec qui j’ai été mariée douze ans.
Il m’interdisait de communiquer avec lui, même pour la question des enfants. Il les lui remettait lui-même lors du droit de visite sans que j’avais le droit d’être présente.
Il disait qu’il doutait de ma fidélité et de mes intentions, il disait que nous étions encore ensemble mon ex mari et moi et que nous voulions lui voler ses biens et son argent, qui par la suite je découvris qu’il ne possédait pas.
Il voulait effacer le nom de mon ex mari partout où il figurait, il déchira mon passeport, mes cartes bancaires, ma carte d’identité, ma carte professionnelle et mon permis de conduire, partout où le nom de mon passé apparaissait.
Il avait besoin de se prouver et que je lui prouve surtout que ce passage de ma vie n’avait jamais existé alors que je n’avais divorcé que depuis un an et demi.
Je voyais de plus en plus clair dans son jeu et dans ce qu’il s’apprêtait à faire de moi, effacer ma personne et me faire obéir au doigt et à l’œil après avoir réussi à m’isoler des miens.
Une fois certaine de ses intentions, il fallait que je trouve le moyen d’y échapper, peu importe les dégâts, je n’avais plus le choix.
J’ai réussi à m’ôter de la tête que d’éviter de divorcer und deuxième fois était une absurdité et que je devais au contraire vite m’en aller.
Il fallait que je sauve ma vie et celle de mes enfants.
Il fallait aussi que je mette un terme au cauchemar que je vivais.
Il fallait que je sorte de ce tourbillon dans lequel je me suis si facilement laissée emporter.
J’ai alors commencé à m’opposer à lui, à essayer de sortir de son chantage incessant. Mais ça ne lui avait pas plu du tout.
J’ai dû fuir de chez moi pour échapper à ses griffes.
Et puis vint ce fameux 17 juillet, jamais je n’avais vu son regard aussi noir , là je me suis dit : « il va finir par me tuer »
Quatre mois jour pour jour depuis notre mariage, alors que ce vendredi s’annonçait des plus ordinaires, je décidais que c’était ce jour là et pas un autre,
Mon corps et ma tête surtout, me dictaient de m’enfuir, de partir vite et loin, ils me disaient que je ne survivrais pas au delà de cette date là.
C’est en chemise de nuit et en claquettes que je quittais le domicile , avec moi ma résolution à sauver ma vie et celle de mes enfants.
La dernière image de son regard sombre posé sur moi de loin me faisait froid dans le dos.
Il me regardait de derrière le comptoir de la cuisine alors que je m’apprêtais à m’enfuir.
Il n’avait pas vu venir la scène, il ne pensait pas que sa si parfaite proie aurait le courage et l’audace surtout de partir ainsi.
Je l’enfermais à l’intérieur de la maison en laissant la clé sur le verrou, j’avais si peur qu’il me rattrape.
Je descendis aussi vite que j’ai pu les six étages de l’immeuble que même dans un ascenseur me paraissaient avoir pris une éternité à franchir, j’arrivais devant le gardien de la résidence en pleurs et en tremblant, je cherchais de l’aide et ne savais à qui m’adresser.
J’appelais mon frère mais je savais était loin, à ma grande surprise je le vis arriver très vite et avec renfort.
Une bonne partie des hommes de ma famille était la, prêts à me soutenir et à me sauver de ce monstre.
Ma première réaction en les voyant ; des cris et des pleurs de soulagement.
Moi qui ne leur avait rien raconté ni montré je découvre qu’ils étaient soucieux pour moi et qu’ils faisaient de leur coté des recherches sur lui, ils étaient inquiets et savaient que quelque chose ne tournait pas rond.
Ils étaient là, tous prêts à m’aider.
Nous montâmes tous afin de le confronter à ce qu’il avait fait.
Grande fut sa surprise voyant débarquer les agents de sécurité et ma famille.
Ma jeune et unique sœur était là aussi, du haut de ses 1m57 , elle le fit taire et assoir pour lui énumérer tout ce qu’elle avait découvert sur lui alors que je la croyais ignorer tout de mon calvaire.
Il n’arrivait pas encore à intégrer l’idée qu’il venait d’être démasqué et que nous savions tout de ses pratiques frauduleuses et malsaines.
Ma sœur avait toutes les informations sur lui venant de Suède.
Il était mis devant le fait accompli, il devait coopérer et me rendre mes biens volés sous la menace, les documents qu’il m’avait fait signer sous chantage.
Il n’en fit rien, tel un condamné qui n’avait plus rien à perdre, il préféra nier et refusa de me restituer ce qui était à moi.
De ce pas je me dirigeais vers la gendarmerie pour y déposer une plainte, ces derniers et sous prétexte que j’étais son épouse avaient refusé au départ de prendre ma déposition me mettant face une réalité certaine que cette société n’était pas là pour protéger ces épouses maltraitées, violentées verbalement ou physiquement.
Etant avocate, je me permis d’insister sur l’obligation de prendre au sérieux ma requête sinon nous serions devant un cas de non assistance à personne en danger.
Une fois ma déposition prise, j’insistais pour me faire accompagner au domicile conjugal pour y prendre quelques affaires.
Avec beaucoup d’insistance , ils acceptèrent de m´y rejoindre.
Une fois sur place, ils me permirent de prendre au moins mes papiers et ceux de mes enfants.
Je sortis de cette maison, soulagée de retrouver ma liberté et d’être en vie simplement.
Une fois chez ma famille, mon corps de femme soumise et séquestrée se laissa s’exprimer, une grosse fatigue envahi mon corps, mes jambes ne me tenaient plus, j’étais étourdie et je n’arrivais plus à rien soulever de mes mains.
Voila comment le corps et l’esprit d’une femme qui a subi pareil traitement réagi.
Cette période de confinement a permit que des hommes comme lui voir pire utilisent l’enferment physique pour atteindre l’enferment psychologique et émotionnel qui lui est bien plus fort et plus vicieux.
Priver une personne de sa liberté de sortir, de penser, de parler et de vivre sa vie normalement.
Une fois le corps reposé et les idées bien mûries, je commençais un travail de détective, comment faire tomber cet individu et le rendre hors d’état de nuire.
C’était ma mission, je me la suis attribuée, j’avais décidé que je serai sa dernière victime.
Personne ne tombera plus entre les mains de cet individu, je m’en étais fait la promesse, je n’avais plus rien à perdre, je devais venger toutes ces femmes et moi-même aussi.
J’avais besoin d’accomplir quelque chose d’extraordinaire pour reprendre confiance en moi.
Je contactais par le biais de l’ambassade de la Suède des personnes qui le connaissaient, les découvertes tombèrent l’une après l’autre.
Celui qui prétendait être veuf, ne l’était pas, il était divorcé d’une femme qui l’avait quitté car il l’a battait et la maltraitait, il avait fait de la prison en Suède pour ces raisons là, cette fille dont il parlait et qu’il pleurait car elle était sois disant atteinte d’un cancer, n’avait aucun problème de santé, cette fille refusait tout simplement de parler à un père dangereux qui maltraitait sa mère, cette femme qu’il disait avoir perdu d’un cancer.
La situation financière qu’il s’était créé n’existait que dans sa tête, il ne possédait rien de tout ce qu’il se ventait, c’était un homme qui vivait des allocations du pays qui l’hébergeait, il vivait dans une de ces zones rurales où les étrangers étaient tassés , il n’avait pas de doctorat comme il voulait bien se faire croire et n’avait jamais fréquenté les grandes universités qu’il me décrivait.
Il avait brossé de lui un profil qui pourrait attirer des victimes qui ne pourraient se douter de ses projets mal saints.
Une fois ces découvertes faites, je déposais plainte avec l’aide des ténors de notre barreau auprès de la chambre d’instruction du tribunal compétant.
Mon statut d’avocat aida a accélérer l’ouverture de l’instruction , la gendarmerie convoqua ce dernier pour prendre sa déposition , il nia bien sûr tous les faits qui lui étaient reprochés et bien plus que cela, m’accusa moi de lui avoir volé ses biens ,de m’être attaqué a lui.
J’avais remis toutes les preuves que j’avais récolté , nul ne laissait place au doute , cet homme était un habitué ,un professionnel ,il y avait en sa possession des dizaines de flashs disques et cartes mémoires contenant des découvertes incroyables , des photos de femmes de plusieurs nationalités qu’il avait récolté afin de les faire chanter et leur extirper des fonds, des photos d’elles nues ou en petites tenues, dans des postures indécentes ou dans l’intimité , il y avait aussi des photos de fillettes mineurs nues, des messages d’aveux de ses femmes où elles dévoilaient leurs vies à cet homme , il y avait une quinzaine de cartes bancaires , des passeports d’autres femme séquestrées auparavant et menacées par lui, des femmes qu’il avait obligé à tatouer son nom sur leurs corps tel un fermier marquant son bétail.
Des sites de piratage et des modes d’emploi de piratage.
Je n’arrivais pas à croire tout ce que j’avais trouvé, je baignais dans un cauchemar ,comment cet homme avait échappé jusqu’ici à la justice.
Avec tout ce que j’avais récolté , je me dirigeais vers les endroits et hôtels ou il avait déjà séjourné , j allais de découvertes en découvertes ,il avait laissé des traces partout ou il était passé.
Je remis entre les mains de la justice tout ce que j’ai pu récolter pensant accélérer le processus.
Hélas, il est resté tout un mois sans être jamais inquiété dans la maison que nous louions et où toutes mes affaires et celles des enfants se trouvaient encore, mes meubles et autres accessoires, jouets et linge de maison, tout était resté derrière nous.
Il était là bas à comploter pour son départ.
Pendant ce temps là, il continuait à me harceler avec ses écrits et messages, il était tantôt menaçant et tantôt menaçait de se suicider, je vivais dans l’angoisse. Pendant près de deux mois après ma sortie de la maison, il me harcelait toujours. Il n’a jamais réussi à me faire revenir à lui.
Un mois jour pour jour après m’être enfuis de ses jougs , il m´envoya des photos de lui quittant l’Algérie et arrivant en Allemagne , il venait de quitter le pays alors que deux de ses passeports lui avaient été enlevés par la gendarmerie à la demande du parquet.
On découvrit par la suite qu’il avait en sa possession d’autres passeports qu’il avait dissimulés.
Une fois cette information confirmée, l’instruction demanda une commission rogatoire, les témoins ont été auditionnés et le dossier sur le point d’être clôturé, un mandat d’arrêt est dans l’attente d’être signé.
Aujourd’hui, je me reconstruis au quotidien. J’ai beaucoup travaillé sur moi pour comprendre les raisons qui m’ont conduites vers ce genre d’individu. Je suis consciente d’avoir ma part de responsabilité. J’ai perdu confiance en moi, mais je crois toujours au bonheur. Cet homme a longtemps continué à m’envoyer des messages et des photos souvenirs de nous .Je fais tout pour l’ignorer car je sais que c’est la seule chose à faire. J’interviens sur des groupes d’entraide pour tenter d’aider d’autres victimes. Cet article est fait pour aider les victimes et informer le plus de monde possible de ce que sont les Pervers narcissiques et à quel point ils sont néfastes pour leur entourage
Cette histoire a été un véritable électrochoc qui m’a ouvert les yeux. J’ai réalisé que plus jamais je ne serais victime de ce genre d’individu . Aujourd’hui, je me réveille d’un long cauchemar. C’est encore parfois douloureux, mais à 38 ans même si j’ai du tout recommencer. Cette histoire n’a pas réussi a détruire la personne que je suis, ma famille et mes véritables amis sont auprès de moi et n’ont jamais cessé de me soutenir ,j’ai rouvert mon cabinet, retrouvé mes collègues et mes clients et repris ma carrière là où elle s’était arrêtée.
Même si je dois tout recommencer à zéro, je me sens la force de le faire ,j’ai beaucoup de projets et une envie de vivre phénoménale. Une énergie incroyable refait surface.
L’envie de vengeance et le sentiment d’injustice s’estompent. Enfin, je commence l’écriture d’un livre pour témoigner et dénoncer les pervers narcissiques, ces monstres.
Ce qui est à retenir aujourd’hui c’est que quand on est victime, on n’est pas coupable.
Pendant cette pandémie, alors que le monde entier se débat face à cette maladie dont nous ignorons presque tout , des personnes et des femmes en particulier souffrent de maltraitances de tout genre , le Covid 19 a été un foyer favorable pour laisser germer certaines idées déjà présentes dans les têtes de certaines personnes pour pouvoir enfin les concrétiser.
Le Covid 19 disparaitra, tôt ou tard et nous reviendrons à une vie normale mais les maltraitances de tous genres faites aux femmes ne sont pas prêtes à cesser tant que les dispositions mises en place pour les protéger ces femmes ne sont pas appliquées comme elles le devraient et tant que les mentalités misogynes ne cesseront d’exister.
Une rescapée
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