Intervention de Soha Béchara

 

The following article was published in the April 2022 special issue of the International Review of Contemporary Law, the journal of the IADL.

Célébrer la vie et le travail de Monique et Roland Weyl, rendre un hommage à des références du Droit, ce n’est pas une tâche simple, en tout cas pas pour moi.

Après dix ans de ma détention au camp de Khiam situé au Sud du Liban, j’ai eu l’occasion de les rencontrer après ma libération dans leur cabinet à Paris en novembre 1998.

Durant ma détention, j’étais comme on dit dans le Language juridique, la cliente de Monique et qui dit Monique à mon avis dit Roland. Pendant les dix ans je n’ai jamais su que j’avais une avocate. Nous étions des milliers des détenus, enfermés dans un non lieu où la loi de la jungle y règnait, dans un camp où il n’y avait pas de jugement pas d’avocats, aucun contact avec l’extérieur, aucune organisation nationale ou internationale n’avait eu l’accés à ce lieu, les détenus savaient le jour de leur arrestation mais jamais celui de leur libération. Ce n’était que dix ans après l’existence du camp de Khiam, en 1995 que le CICR a pu y intervenir.

J’étais arrêté suite à une opération militaire que j’ai menée contre le chef de l’armée supplétive israélienne au Sud-liban, via le front de la résistance nationale libanaise et au nom du parti communiste. J’étais détenue, avec des milliers d’autres, dans un lieu qui ne reconnaît pas le droit international. c’est dans ce contexte que Monique était mon avocate et l’avocate d’autres détenus qui ont étaient transférés dans les prisons israéliennes situées en Israël créeé en 1948 par la communauté international.

D’ailleurs c’est au nom de ce droit international que des injustices dans le monde entier étaient instaurées. La Palestine est la cause par excellence qui remet en question ce droit international, le droit de véto, le conseil de sécurité, l’ONU.

Et comme il dit Roland dans sa conférence sur « Le droit à la lumière du marxisme », il faut désacréliser le droit…. Et quand on crée au nom du droit une injustice, il faut changer la loi.

La question qui s’impose, qu’est ce qui a motivé et poussé Roland et Monique de s’engager tout une vie pour la vie des autres, pour défendre des causes qui sont devenues ou qui étaient les leurs?

Oui ils étaient des militants et des avocats infatigables en faveur de la libération des peuples et de leur droit à l’autodétermination et au développement, de la paix, de l’égalité hommes-femmes, des droits des classes populaires, de la défense des pays qui ont choisi une voie socialiste de développement, comme c’est marqué dans l’appel à ce rassemblement, oui ils étaient communistes… mais cet engagement d’après moi était couronné par un humanisme inédit qui n’a pas cessé ni affaibli au fil des ans face aux injustices étendues dans le monde.

Monique et Roland ont cru aux changements du monde pour construire un monde meilleur.

Monique et Roland sont partis.

À nous de préserver leur héritage en matière de l’engagmement militant, humain, et du Droit.

À nous de poursuivre leur combat pour défendre le droit de nous tous et toutes de vivre dans la dignité et l’égalité.

All articles published in the International Review of Contemporary Law reflect only the position of their author and not the position of the journal, nor of the International Association of Democratic Lawyers.

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